lundi 6 janvier 2014

Souvenir d’une escapade au Beach de Muanda


 
 
Difficile de résister à l'envie de se rendre à la plage lorsque l'on visite Muanda*, cette petite ville côtière de la RDC adossée à l'océan Atlantique. Située à près de trois kilomètres du faubourg, la plage sablonneuse est bordée par le quartier résidentiel dont le calme contraste avec le tohu-bohu qui émane de la cité. Ici et là s'étalent des vastes et jolies demeures dont j'apprends que la plupart sont vides. Pas étonnant car de longues herbes qui y poussent sont visibles à partir de la rue. Les routes sont en terre battue, couleur rouge vif. Le vent frais qui vous fouette le visage vous rappelle que la mer n'est pas très éloignée.

 

 

Un homme d'un certain âge m'apprend que la plupart de ces maisons sont propriété des barons du régime. Pendant les années de " vaches grasses "  sous le Marechal  Mobutu, il a été prévu d'ériger un pont en eaux profondes à quelques encablures d'ici : à Banana. Ayant flairé les retombées financières de l'affaire, ils s'achetèrent à bout de bras d'immenses lopins de terre où ils construisirent des villas. Au grand dam de ceux-ci, le projet fut annulé à cause du défaut d'investissement.

 

 

A la plage, on a le souffle coupé par la beauté, l'immensité et la puissance des eaux. Mieux : on est émerveillé. Lorsque les vents violents soufflent du large, l'océan Atlantique se met à rouler d'énormes vagues qui, dans un bruit assourdissant, viennent se fracasser contre les falaises et des hauts murs de terre, projetant de l'écume sur une hauteur de cinq à dix mètres.

  



 

Les nombreux visiteurs restent hébétés comme moi devant un spectacle si impressionnant. Alignés face à la mer, nous approchons aussi près que nous le pouvons, le souffle coupé par la peur et l'admiration chaque fois qu'une vague vient s'écraser contre l'escarpement. Qu'importe d'être mouillé ou non par les embruns, nous sommes tous hypnotisés par cette démonstration de puissance, ces tonnes d'eaux projetées vers le ciel. Difficile de s'arracher au spectacle d'une mer déchaînée.

 

 

Aussi insolite que cela peut paraître, l'on voit encore défiler à la mer de nombreuses personnes portant qui des bidons, qui des bouteilles à remplir d'eau à laquelle elles prêtent à tort quelque vertu thérapeutique. Comment avouer à ces femmes qui descendent à la plage les yeux pleins d'espoir de guérison autant pour leurs proches que pour elles-mêmes que ces eaux, fussent-elles si impressionnantes ne sont que liquide, avec la salinité et microbes en plus. Comment leur dire que non loin de cette plage ensoleillée il y a bien un hôpital et un cimetière, ce qui signifie que l'on meurt autant à Muanda qu'ailleurs ?

 

 

Il est 19 heures. Les ténèbres sont tombées sur Muanda. Du sommet de la base militaire  de Kitona (Baki en sigle) que nous atteignons sur le chemin de retour, la mer est éloignée à présent, silencieuse mais néanmoins présente par cette brise qui souffle et soulève la poussière rouge, répandant la fraîcheur du soir. De Muanda, l'on ne voit que la flamme d'un puits de pétrole qui brille dans cette obscurité qui s'installe.

 

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[*] Site touristique, province du Bas-Congo, en RD Congo.

2 commentaires:

  1. Merci pour un recit si vivant me faisant visiter en pensee les endroits que mes pieds n'ont pas encore foule.

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    1. Je suis ravi, Docta Benson, que tu aies aimé ce reportage. Il existe encore bien de sites qui méritent d'être visités dans ce pays ou ailleurs. Cependant, il faut aussi reconnaitre que l'on ne peut pas, malgré sa bonne volonté et même tous les moyens du monde, se rendre partout ou l'on voudrait. C'est alors que des reportages comme celui-ci peuvent se révéler utiles.

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