Rien chez Dan ne prouve qu’il est congolais :
ni le ton de son Anglais particulier aux
Ougandais, ni le teint de sa peau plutôt très sombre, ni le choix de ses amis
(tous Ougandais alors que dans les différentes cités de Kampala les jeunes
congolais sont nombreux). Encore moins sa religion musulmane. Et pourtant, ce
jeune et élégant homme de 23 ans, est bel et bien congolais. Je l’avais
rencontré à l’Université Makerere de
Kampala où il étudiait les Statistiques.
Il est arrivé à Kampala depuis 1997 " dans un camion militaire de
UPDF ", l’armée Ougandaise, venant de Kisangani, dans la Province
Orientale. Sa sœur ainée venait de se marier à un soldat ougandais venu faire
la guerre qui bouta Mobutu dehors en 1997.
Ils habitèrent d’abord à Kampala,
mais à la mort de son beau-frère, la seule alternative possible, vu qu’il n’avait
pas des parentés sur place, restait d’aller dans un camp des refugiés.
C’est alors qu’ils se dirigent alors vers le
camp de Kyangwali, dans le district de Hoima, à l’Est de l’Ouganda, au bord du
Lac Albert. Ses humanités terminées là-bas en 2000, il a le privilège de bénéficier
d’une bourse d’études de HCR qui avait sélectionné des candidats lors d’une
interview. " Nous étions douze mais seulement cinq furent choisis
dans chaque camp des refugiés : quatre soudanais et moi, le seul congolais
dans notre camp de Kyangwali ", dit-il avec fierté. Ainsi il
poursuit depuis deux ans des études de statistiques à Makerere University,
l’une des meilleures d’Afrique, laquelle est souvent classée parmi les 20 premières
dans le top 100 annuels des meilleures universités africaines.
Interne au Lumumba Hall, il n’oublie pas pour autant ses amis restés au
camp de Kyangwali : " ils me manquent beaucoup et je voudrais
bien les revoir une fois les vacances arrivées ". Ce n’est pas
que la vie au camp lui plaisait puisqu’elle lui rappelle les matins où il
devait cultiver et ce jusqu'à 12h00. Et la boisson « bushera » fabriquée à partir de porridge. Pensif, il m’avoue :
" Les gens n’aiment pas beaucoup la vie au camp, mais ils n’ont
pas de choix. Comment voulez-vous que tous ces universitaires se retrouvant au
camp n’aient d’autre alternative que de cultiver " ?
Dans un an, il aura bouclé ses études des statistiques. Il songe déjà à
l’après-université. « J’aimerais bien rentrer au Congo dans deux ans
mais vais-je trouver un travail ? » Il compte suivre des cours de
français puisqu’il a complètement perdu cette langue et ne s’exprime qu’en
anglais, swahili et luganda, langue locale.
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