lundi 20 janvier 2014

Vunduawe Te Pemako: La Gaffe!


Il est des silences qui font parler. Que cet ancien proche du Marechal Mobutu soit devenu aphone depuis la disparition de son mentor alors qu’il se trouve dans la fleur de l’âge et respire la santé est pour le moins inquiétant. Cet effacement de VTP est-il dû au fait qu’il n’était au fond qu’un  de ces nombreux " politiciens d’ordonnance " qui peuplent le paysage politique congolais, ceux dont l’ascension et nombreux privilèges ne proviennent qu’à des décrets-lois ou parachutage politique plutôt qu’à un mandat électif ? A moins que cette "disparition" ne soit imputable à la personnalité haute en couleur de ce professeur d’université peu ordinaire : un esprit pointu mais un brin mégalomane !

 

 

Qu’il fut un politicien pas comme les autres, VTP l’a démontré à maintes reprises en défrayant la chronique. C’est à lui que l’on doit des fracassantes déclarations telles " Au Zaïre [Congo] la seule chose qui marche, c’est la sécurité ! ", ce qui lui valut un long passage à vide  et, peu avant le début de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), en 1991-1992 , il y alla par son "  On va éventrer le boa ", repris par beaucoup, depuis. Mais c’est lui qui fut accusé par Nsinga Odjwu de " s’être battu contre Nzuzi wa Mbombo " à la suite d’un différend ! Nommé ministre de l’intérieur, il se fit tailler une canne pareille à celle du maréchal qu’il brandissait (comme l’ex Président-Fondateur) pour prendre le bain des foules ! D’ailleurs, un incident survenu une trentaine d’années plus tôt sur les Cités universitaires de Lubumbashi en dit plus long encore sur l’homme.

 

 

Tirer leçon de l’histoire. Même si l’Histoire n’est pas un éternel recommencement, il est des faits passés dont nous gagnerions à tirer profit. L’un de ceux-ci n’est autre qu’éviter de prendre d’importantes décisions sous le coup de l’émotion, qu’elle s’exprime sous forme de joie extrême ou de furie. Puisqu’elle est par essence éphémère et troublante, ce n’est qu’après coup, lorsqu’elle s’est estompée que nous revenons à la raison. Le plus souvent pour constater que le mal était déjà fait.

 

 

La Bible relate (Mathieu 14:1-12) un événement ayant lieu au Ier Siècle de notre ère impliquant Hérode, un homme politique de l’époque, lors de son anniversaire de naissance. Celui-ci, fortement enchante que la fille d’Hérodiade (femme de son frère Philippe qu’il prit pourtant pour femme, ce qui lui valut les reproches de Jean le baptiseur qui fut mis en taule pour ce crime de lèse-majesté) ait réjoui ses convives par ses pas de danse, fit le serment de lui " donner tout ce qu’elle demanderait ". La jeune fille, après avoir consulté sa mère (laquelle gardait une dent contre Jean), lui dit de " donner sur un plat la tête de Jean le baptiseur ". Pris au dépourvu et à contre cœur, il fit exécuter le serviteur de Dieu rien que pour tenir sa promesse !  

 


 

Plus près de nous, c’est feu Laurent Désiré Kabila qui en fit l’amère expérience. Fortement ému par " la vigilance et le patriotisme " des habitants des communes de Kingasani et Ndjili, lesquels contribuèrent en partie à l’échec de la prise de Kinshasa par les rebelles de RCD en août 1998, le chef de l’Etat leur promit l’exemption des frais d’eau et d’électricité en signe de reconnaissance. Mais seulement voilà : ses conseillers lui ayant expliqué les conséquences dramatiques d’une telle mesure sur les entreprises concernées (Rigides et SNEL), la promesse présidentielle resta lettre morte… Mais quelle relation cela a-t-il avec VTP ?

 

 

Les adieux aux Kassapards. Ce jour d’octobre 1983-1984 s’annonce comme une belle journée ensoleillée. L’amphithéâtre de la Faculté de Polytechnique est archicomble et en effervescence. Les autorités académiques et politiques et militaires de la province sont sur leur trente-et-un. Et pour cause : il s’agit des adieux à l’ancien Vice-recteur VTP nommé récemment Vice-Premier ministre et ministre de l’intérieur!   Qu’une personnalité issue de l’institution d’enseignement locale soit nommé à une si haute responsabilité apparait à beaucoup comme une reconnaissance du savoir-faire local par les autorités nationales. Nombreux sont ceux qui espèrent que la désormais deuxième personnalité du gouvernement devienne leur "fidèle interprète" dans la capitale où il œuvrera désormais. Chacun y va de son " félicitations monsieur le ministre ! " au digne représentant du Campus de Lubumbashi. L’hôte du jour pour sa part jubile et n’arrête pas de sourire devant cet enthousiasme général.          

 

 

Soudain les yeux de M. Vunduawe s’arrêtent sur un homme âgé, court et très effacé, assis dans l’auditoire, face à lui. Il s’agit du professeur Mwabila de la Faculté de Sociologie. L’illustre visiteur ne peut se retenir tant il est au courant d’une nouvelle qui ne manquerait pas de le réjouir. Il l’interpelle alors et s’adressant à lui, il déclare, non sans une fausse modestie : " Monsieur le professeur, récemment j’ai été dans un certain bureau à Kinshasa où j’ai aperçu un décret-loi vous nommant DG de l’Institut supérieur des Etudes Sociales (ISES) de la place dans un signataire ". Tonnerre d’applaudissements dans la salle. Alors l’intéressé se leva et dans la pure tradition japonaise s’inclina devant VTP, reconnaissant. Soudain, il devient apparent que tout le monde est conquis par la baraka du tout nouveau ministre de  l’intérieur. "N’est-il pas de la tribu Ngbandi, comme le Maréchal?" supputent les étudiants. D’autres s’imaginent promus à leur tour. Ceux qui avaient de bonnes relations avec lui s’attendent, eux, à un retour d’ascenseur, au nom du principe contenu dans la célèbre chanson de Jacques Brassens " les amis d’abord ".

 

 

Quelques jours plus tard, le professeur Mwabila, sans se faire prier, prit ses quartiers à l’ISES. Mais … l’ordonnance précitée ne fut jamais signée ! Aux dires de certains, les membres de l’ANR présents dans la salle informèrent qui de droit et VTP, lequel n’avait pas que d’amis en haut lieu, appris à ses dépens qu’il " ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ". Quant au Professeur, bien sûr qu’il retourna à l’Université, toute honte bue…

 

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